STÉPHANE DUCRET

Autoportrait, novembre 2023

Je vois mon travail comme une errance psychologique dans le monde de l’art, une interrogation sur la manière dont nous sommes influencés par la récurrence et par le marché de l’art dirigé par des figures puissantes.
— Stéphane Ducret

Stéphane Ducret combine l'iconographie de Google avec des reproductions de chefs-d'œuvre et des portraits de maîtres contemporains dans des peintures et des œuvres sur papier visuellement dynamiques. Chacune de ses séries reflète un éventail d'influences de l'histoire de l'art et se déroule dans des décors imaginaires mystérieux.

Stéphane Ducret est né à Lausanne, Suisse. Il a obtenu un diplôme puis un master en art et histoire de l'art à la HEAD (Haute Ecole d'Art et de Design) de Genève, où il a eu pour professeurs Silvie Defraoui, Christian Marclay et Gilles Porret, entre autres. Après avoir obtenu son diplôme, il entame son premier grand projet, Walls (1998-2000), des peintures minimalistes inspirées par les célèbres architectures de la lumière de Tadao Ando. Une installation à grande échelle couvrant un mur entier est exposée en 1999 à Camion, Projet d'Art Contemporain, Sierre, Suisse et entre immédiatement dans la collection du Fonds Cantonal d'Art Contemporain (FCAC), Genève, Suisse.

Stéphane Ducret a fait de sa vie un art
— Daniel Orson Ybarra

La même année, il s'installe à New York et ouvre avec ses amis, l'artiste pluridisciplinaire Sébastien Leon Agneessens et l'architecte Jérôme Schmider, l'éphémère galerie marginale The Point. En 2003, il reçoit la Bourse Leenaards pour les débuts de sa carrière d’artiste.

Stéphane Ducret commence la série Masterpiece Redux en 2005. Basée sur des peintures emblématiques d'artistes historiques célèbres, tels que Claude Monet, Léonard de Vinci et Gustav Klimt, cette série vise à remettre en question la façon dont les musées sont devenus des destinations touristiques axées sur la marchandisation de l'art et la promotion de l'autosatisfaction jusqu'à la moelle.

En 2006, il s'installe à Buenos Aires, où il entreprend une retraite introspective dans la culture argentine et fait une pause créative de plusieurs années.

De retour à Genève, en Suisse, Stéphane Ducret travaille sur les séries Open Window On The Possible et Howl de 2012 à 2015, cherchant à se détacher de la série Masterpiece Redux en faveur d'un processus de travail plus expérimental et spontané. Ces peintures abstraites explorent les mondes de l'existentialisme français et de la Beat Generation. Elles révèlent souvent une partie du célèbre poème d'Allen Ginsberg griffonné sur la toile.

Appropriation

En 2017, reprenant son travail sur les grands maîtres, Stéphane Ducret commence les peintures Real Estate. Cette fois, les chefs-d'œuvre contemporains sont combinés dans des décors imaginaires, dans lesquels il crée de nouvelles narrations, déconnectées de leur contexte d'origine. Ce travail reflète un éventail d'influences artistiques et architecturales et se déploie dans des défis picturaux très enthousiastes, où une œuvre richement détaillée est juxtaposée à une peinture floue et dégoulinante.

Inaugurée en 2023, les peintures de la série My Own Private Museum posent la question de l'identité du créateur et se confrontent au vide, à la page blanche, voire à l'effacement de soi.

A l'instar du Zelig de Woody Allen, Stéphane Ducret aborde un sujet cher à la psychologie : l'identification à des personnages de référence. Ce faisant, il interroge notre besoin de reconnaissance et notre rapport à un environnement numérique omniprésent et de plus en plus omniscient (…).

Dans cette série, Stéphane Ducret peint des « portraits » d'œuvres et d'artistes contemporains prédominants, les confrontant au nouveau musée mondial et gratuit qu'est Internet. Cherchant à se libérer de la mono direction du portrait, il juxtapose les œuvres et les vues d’expositions de ses sujets à leurs portraits. Il défie également progressivement toutes les manières de peindre possibles.

Je pense que le temps n’est pas un système rigide, qu’il peut être perçu d’une manière fluide et différente d’une personne à l’autre.
— Stéphane Ducret

Times Suspended

Les physiciens distinguent deux notions : le « cours du temps », qui est le fait que le temps passe et donc qu’on ne peut pas retrouver dans le futur un instant qu’on a déjà traversé dans le passé. Et la « flèche du temps » qui est le fait que les choses changent de façon irréversible.

La question de la perception du temps est évoquée dans les vues aériennes de la mer, des nuages ou des montagnes, depuis le hublot d'un avion. Le voyage en avion est un rituel de mobilité et en même temps d'immobilité, de connexion à la fois au présent et à l'infini. Ce travail nous amène à nous interroger sur le passé, le futur et le présent qui se trouve entre les deux.

Des sensations de temporalité imprègnent ces œuvres, comme des portraits de méditation. Il s’agit d’une temporalité en mouvement, d’un temps qui avance. D’apparence figurative, ce travail frôle souvent l’abstraction.


Le travail de Stéphane Ducret a été exposé notamment à Camion, Projet d’Art Contemporain, Sierre; au Forum d’Art Contemporain, Sierre; au Bronx Museum Of The Arts, New York; à la Fondation de l’Hermitage, Lausanne; au Centro Cultural Borges, Buenos Aires; au Centre Pasquart, Bienne et a été primé par la Fondation Leenaards. Ses œuvres font partie des collections de la Banque cantonale vaudoise; du Musée de Pully; du Fonds cantonal d’art contemporain (FCAC) et du Fonds municipal d'art contemporain (FMAC) de Genève.


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